dimanche, mars 04, 2007

Maudite besogne
Toi que je cogne,
Le plaisir quand je termine...
Misérable vermine

Tentation étrange
Phasme obèse au corps de peau
Je t'etrangle de mes phalanges,
Tu rougis, tu palis, et tu craches ton dernier mot.
Insecte de cauchemars
Au clairon de la retraite, tu pars.

Cache-toi, fais toi petit
Et quand le désir ou l'ennui
Te prennent, dresse toi devant, droit
Avec ton sourire de roi.

Tu te lèves, sors ta tête
Le rose vient teinter tes pommettes.
Les veines grossisent sur ton membre
Et l'élégance de ce long mat qui se cambre...

Je ne résiste pas.
Je n'ai pas le choix,
Tu diriges mes pas.
C'est toi qui fais la loi.

Mais que j'aime t'étouffer à l'intérieur
Dans de profond trou
Au premier signe d'aigreur
Tu essayes de sortir, tu fais le mou.

Je continue, tu cris, tu pleures
Des larmes d'ivoire, et tes gémissements
Sur ma chair et à cette heure
Me dégoulinent langoureusement;
Et me laissant plat, épars
S'en glissent le long de mon dard.

samedi, février 17, 2007

pensées creuses

L’homme est là, attablé à son bureau de bois, il n’est plus là. Enfin si, il est là, son corps est là, oui c’est bien lui, de chair, d’os, mais non il n‘est pas là, ou plutôt, il n’est plus là, son esprit est ailleurs. L’expression qui parcourt son visage -que je tente vainement de vous faire partager- me rappelle une photographie, il est figé là, là il ne bouge pas, ou lorsqu’il bouge, il n’a aucun mouvement. En réalité l’homme rêve, il ne dort pas, il pense, il est absorbé dans des pensées, des pensées creuses. Il regarde le mur devant lui, mais ne le voit pas. Comme nous autres qui regardont le paysage alentour sans regarder la vitre de la voiture, qui pourtant pose un rideau de verre entre nous et notre vision. Eh bien lui, c’est pareil, mais loin de moi l’idée d’écrire du faux, non tout ceci est juste, il regarde le mur, voit à travers, il voit les songes. L’image est floue, certes, mais ne vous accrochez pas à ces détails, et comprenez, transcendez ce personnage. Il est à la fois inquiétant, et mystérieux. Inerte il vit, immobile il s’agite, impassible il frémit. Le voilà dans la pays des songes -vulgairement, le voilà sur la lune- et c’est là que j’aperçois la larme qui vient perler le creux de son oeil, elle roule lentement contre ses joues, -je suis son parcours- jusqu’au moment où elle se jette désespérément dans le vide, et s’écrase en une fantastique cascade, sur le tissu de son jean. Il est bien malheureux dans ce pays notre ami. Il est seul, et personne ne partage sa vision. Son rêve, c’est qu’il trouve un miroir, qui reflèterait sa pensée, avec lequel il se sentirait un.

mercredi, janvier 31, 2007

Gâtés

Il est des teins d'emphases
Et des successions de phrases
Dont les mots médités
De ceux qui en font leur métier
Me semblent bien trop étudiés.


Les maladresses sont assemblés en une cérémonie
La vanité portée à son hégémonie
Sans que l'on ne rencontre cette personnalité
Qui notre respect avant tout mériterait.

Ce genre de mots que l'on utilise
Juste pour la rime abusive
Là ce n'est plus de l'art
Ni même encore du lard
Que l'on offrirait à quelques cafards.

Le succés de ces déchets a ses proies
Les ignares et les fleurs-bleus qui croient
Que lorsque le nombre de syllabes, croît
La beauté elle, ne décroît,
Mais qu'au contraire le terme s'emploie.

Tenez un exemple:
Ô chant doux et ample
Que ton coeur guide à ce temple
Le brin roux d'un dépravée malfaisante!
Quelle agonie, quelle flêche pénétrante
Sauve moi, ou bien je meurs dans l'attente.

J'espère que vous l'aurez compris,
Les océans des mots sont trops beaux
pour que l'on puisse par des compromis
faire des ricochets sur leurs eaux.

lundi, janvier 29, 2007

Jo

Un brouha incessant emplit la pièce. L'on pourrait croire que par respect pour le cadavre de Jonathan, le silence s'imposerait, mais non, il y a débat. Sa soeur prend la parole:
-Ecoutez moi! ECOUTEZ MOI! Je sais comment jo est mort, ce n'est pas un assassinat, mais un suicide, regardez donc, le pistolet au sol, et la chambre était fermée à clé, comment voudriez-vous qu'il s'agisse d'un assassinat? Elle saccade ces mots sur un ton impérieux, et son indifférence à la mort de son frère ne semble bouleverser personne.
Le brouha reprend de plus belle, chacun à sa version des faits, et les enquêteurs d'un jour émettent de nombreuses hypothèses:
La mère, une superbe sicilienne, pense que si le petit est mort, c'est que Dieu l'a voulu. (Je commence à me demander si cette famille n'est pas détraquée, enfin continuons). Le père dit que Jo faisait parti des faibles, qu'il n'a jamais su se faire entendre, s'imposer en ce monde, et voilà ce qui l'a tué. En sorte que sa version rejoint celle de sa femme, la puissance divine a tranché. Le parrain, le sage de la famille admet que les raisons de sa mort sont ambiguës, mais que ce ne peut être la volonté divine, car logiquement, celle-ci n'utilise pas de revolver. Enfin sa femme, la seule qui semble touchée, dit que ce sont ces foutus mafiosis qui l'ont descendu, parce qu'il était trop bavard.
et le brouha reprend. Mais voilà qu'un papier, rédigé sur un bloc note, attire l'attention; il est écrit:

C'est l'heure de ma mort
Mon coeur je te serre fort
Père c'est toi que j'embrasse d'abord
Qui que vous soyiez
Ma conscience ne peut le cacher
Tué, je ne l'ai été.
Jo

-Voilà qui met les choses au clair, clame le parrain qui ne désire pas en savoir plus. Ce gamin aurait pu être poète, c'est regrettable, pourtant les raisons de son suicide restent floues. Les autres n'ont rien à dire, ils réfléchissent.
-Je crois, Père, que Jo n'a pu survivre à la réalité, voilà 22 ans qu'il vivaient bercé par l'argent de la famille, mais lorsqu'il a comprit que son argent, il devrait le faire seul, et que vous lui avez dit au jour de ses 22 ans:
"Construis ta fortune, et à celle-ci s'ajoutera la notre, seulement comme tout le monde dans la famille, il faudra que tu comprennes que l'argent ne tombent pas des oliviers, maintenant, va, va et ne reviens que lorsque tu seras riche".
Jo est revenu sans le sou, déshonnoré, humilié même, et toi Père, tu lui as dit de rentrer, mais que jamais plus il ne serait ton fils. Voilà la raison de son suicide. Le père, imperturbable, ajoute:
-'Pourtant il dit dans son message, Père c'est toi que j'embrasse d'abord, en l'occurence il ne peut m'en vouloir.'
Soudain, la femme de jo, Irena, crie au Père:
-'Assassin, c'est vous le coupable, vous le meurtrier, vous qui avez appuyé sur la détente.'
-'Ne poussons l'accusation si loin, tuerait-on par des paroles? Irena, je comprends ta furie, mais Jo le savait, il est nécessaire de s'imposer dans la famille, il a mis fin à ses jours, simplement car il ne pouvait vivre sans fierté. Cesse d'incomber Ton beau-père.
Irena sanglote, sèche ses larmes, et repart dans un accés de colère. la mère à l'air de s'ennuyer, elle doit penser au repas du soir.
-'Non, Ce ne sont des métaphores, Beau-père a bien tué mon coeur, lisez vous même! Chacun des premiers mots forment une phrase, 'C'est mon père qui m'a tué'. Jo n'a pas voulu donner son meurtrier trop facilement, car même dans sa mort il aurait perdu son honneur.'
Le père rougit alors, comme démasqué, il tente vainement de se disculper:
' Me croyez-vous capable de... d'un tel acte, comment aurai-je pu... Non vous ne pouvez croire ces sottises! Idiote!' il frappe Irena, sa chevalière ensanglante la joue de la douceur de Jo.
Mais un nouvel événement vient renverser la situation, un nouveau texte de Jo, cette fois-ci en prose, se trouve être glissé dans un livre de beckett. lorsque Le parrain l'ouvre pour voir quels furent les derniers mots que jo lut, le papier glisse. Il lit à haute voix:

Mon premier est la partie du visage qui s'amuse
Mon second est un légume succulent qui éclabousse
Mon troisième regarde de travers pour servir la soupe
Mon quatrième est le poisson que l'on a dans les cheveux
Finalement si vous utilisez mon premier pour ce qu'il y'a de plus beau, mon second pour ce que le tueur fait de mieux, mon troisième pour sa façon d'inspecter, mon quatrième pour sa manière de se coiffer, vous comprendrez que la personne qui m'a tué, n'est autre que la plus innocente.

Tous s'attablent à une réflexion, et la charade est relativement vite résolue:
-La partie du visage qui s'amuse, la joue! scande le père rassuré par se renversement de rôle
-Le légume qui éclabousse, autrement dit qui... Asperge! lance le parrain dont la curiosité semble éveillée
-Regarde de travers pour servir la soupe, ne serait-ce la louche ? dit la mère incertaine, mais intriguée
-Le poisson dans les cheveux, c'est la raie! et bien voilà nos quatres mots réunis... Désespère Irena
La mère tempère violemment: -'Non, ce n'est pas moi, c'est une vulgaire accusation, je sais que je correspond à chacun de ces éléments, que j'ai une raie dans les cheveux, cuisine bien les asperges, que j'ai de belles pomettes, et que je rigole à loucher parfois. Mais je n'ai pas tué mon fils!
Tous sont choqués, ils n'avaient pas pu imaginé une seule seconde un tel dénouement! De plus elle a participé au jeu, et y a contribué, si elle avait été coupable elle n'aurait pas donné de piste.
Mais un autre élément vient parfaire le tableau, une nouvelle piste, écrite dans la main de Jo:

Voilà un clochard, de celui-ci, je suis le frère, pourtant ce clochard n'est pas mon frère, qui est-il? Le clochard m'a tué

Irena intervient: 'Ce clochard est ton demi-frère! elle se rend rapidement compte que dans son élan, elle dit n'importe quoi.
Le parrain clame dit alors: 'Ce clochard est ta soeur, la soeur de Jo l'a tué.'
-'Comment mais c'est absurde, vous voyiez une femme comme moi se servir d'une arme comme celle-là, sans laisser de traces sur ses mains et en agissant aussi parfaitement ?' soupire la soeur, complètement désapointée.
Le père admet lui même qu'il ne croît pas à cette hypothèse, et avoue qu'il préfèrerait reprendre les recherches le lendemain. Tous quittent la pièce, laissant Jo seul.

Le silence envahit la pièce

Jo se relève, rit, sort par la fenêtre, puis une fois qu'il a atteint une certaine distance, il appuit sur le bouton, et la maison explose. Il part en pensant, que le peu d'intérêt qu'avait sa famille pour lui même à l'heure de sa mort, lui donne bien le droit de penser qu'il a réussi à s'imposer dans ce monde.

dimanche, janvier 28, 2007

Chat

La chambre est exiguë,
Elle a une forme de trapèze
Et le toit d’ardoise tout à son aise
Roupille juste au dessus.

Le voilà au dernier étage de la maison,
Invité à dormir dans cette cellule de prison.

Il se couche, éteint la lumière,
Mais laisse les volets ouverts,
Pour profiter du halo d’un réverbère.

Avec les soleils de la commune,
La pièce reste assez éclairée,
Comme lors des pleines lunes.
Il s’allonge, réfléchit un temps à sa journée.

Voilà que le sommeil lui vient,
Et ses yeux se ferment tout timidement.
Soudain, la porte d‘un rien,
S’entrouvre en grinçant.

Il se redresse immédiatement sur son lit.
De froid il se raidit,
Le chauffage n‘a pas donné signe de vie.

Pourtant rien ne rentre,
Il se sent mieux en pensant
Qu’à lui seul le vent,
Sait ouvrir la porte, diantre !

Il vérifie d’un coup d’œil,
Et remarque le chat de la famille
Qui vient s‘introduire via l‘écoutille,
Il se rassure que ce ne soit son cerceuil,

Ce n’était que le chat…

Il va pour fermer la porte,
Car l’étrange vide que lui inspire cette ouverture
Vers le couloir sombre, le déporte.

Et là, une main jaillit
Pousse la porte ternie,
Et poignarde son ventre haït,

Le couteau s’enfonce avec puissance,
A l’intérieur de sa panse,
Déchirant ses muscles rances.

Un visage immonde semble sourire,
Et dans un dernier soupir,
Il voit le visage de la peur.
Il meurt.

mercredi, janvier 17, 2007

la jolie laine dans la marre

La douce fraîcheur
D'un moment venté
Enquit mon coeur,
D'un tendre bonheur

Ainsi le courant d'air
Voyageant sur les mers
Naviguant sur les terres
Elle me remplit de vie

Quand vient l'orage
De tourner , un instant, la page
Que l'air s'est tu
Que la terre s'est nue

Alors je m'écorche
Cours et m'efforce
De dénouer de ton écosse
Un soupçon de débaûche

Ô, que j'ai froid
Ô, que j'ai peur
Quel est ce poids ?
Qui me tiraille le coeur...

A toi, ma bohème
Oui toi, celle de la nuit
Des jours, même de la pluie
Je ne peux te le taire, Ma Reine:

Je pars, sans toi, seul
Sans même faire ton deuil
Bien à toi petite peste
Prélasse toi, sois preste
Deigne penser, solennelle
Que jamais à ne plus, je t'aime.

vendredi, janvier 12, 2007

Je suis mort.

Je suis mort, mon corps gît juste là, devant cette boulangerie, tout du moins ma tête, le reste de mes membres sont éparpillés dans les décombres, et mes viscères glissent déjà vers la rigole. Le type qui conduisait son Range Rover vert olive, vient de descendre de sa voiture, elle est sévèrement cabossée, un giclée de sang teinte son pare-brise, et ses roues laissent dans leur sillage des traînées marronâtre, mêlant mon sang, et le caoutchouc de ses pneus qui s'est déposé lorsqu'il a freiné. Il m'a roulé dessus, après le choc, propulsé sur l'avant, il n'a rien pu faire, et ma littéralement écrasé. Je ressens encore cette roue me passant sur le visage, la violence du choc, non je ne l'ai pas sentie, mais les images sont plus violentes que tout ce qui est immaginable. Non j'avais bien essayé d'établir la sensation de ce que pouvait être le bref moment qui sépare notre vie de la mort. Mais rien de tel, c'était comme un film, si bien mis en scène... Aux images et aux plans de vues multiples. Ma chair a valdingué dans tous les sens, et mes yeux n'ont rien raté, c'est comme si mes sens n'avaient jamais été autant en éveil. chaque sensation, chaque image, chaque son, chaque odeur, tout cela, reste. C'est comme après une soirée arosée, quelque chose vous hante et vous ne parvenez pas à vous en débarasser, vous avez beau vous frotter, vous laver à la brosse, rien ne part. C'est ainsi. Je suis mort, parce que le phare de ma moto ne fonctionnait pas, que j'allais vite, que le 4*4 aussi, et qu'il ne m'a pas vu. Moi je l'ai pourtant vu, l'idée que lui, non, m'a traversé l'esprit mais je n'ai pas pris le temps d'être prudent. Et j'ai continué sur ma route, il m'a coupé la priorité, m'est rentré dedans par le flanc droit, me déchirant d'abord la jambe droite, et moi j'ai volé vers l'avant, mon dernier vol vers la mort. J'ai vu le sol se rapprocher, mon visage et mon ventre l'ont heurté lourdement, m'écorchant toujours plus, j'ai glissé contre le goudron sur quelques mètres, en lambeaux étalé sur le sol, il n'a pas fallu un quart de seconde pour que le véhicule me passe dessus, mais qu'elle fût longue pourtant. Et puis ce bruit, le bruit du moteur, du freinage, du cataclysme. Si l'homme freinait encore, cela voulait dire que je n'étais pas encore mort, ou était-ce par respect pour ma dépouille déjà déchiquetée cependant. C'est passé très vite, son pneu avant gauche a broyé ma tête, pendant que l'autre m'équartellait au dernier membre inférieur qu'il me restait alors. Puis les roues arrières, sont passées sur mon ventre, ce ventre sculpté que le temps avait modelé, puis que le soleil avait bronzé, les points de côtés martelé, les filles embrassé. Ces mains, je m'étais toujours dit qu'un jour, elle ne serait plus si belle, mes mains de pianiste, je n'avais pas une seule seconde pensé que des roues les transformeraient en une espèce de pâte écrasée. Les os cassés, la chair éparpillée, le sang coûlant... L'homme a regardé le spectacle de sa dévastation, il n'a pas du voir mes yeux, qui n'étaient alors plus que bouillies, il a seulement du voir ma chemise, blanche rayée de bleu, peut être la ceinture de cuir que j'avais eu à noël, il a peut-être reconnu mes chaussures blanches, avec lesquelles je trotinnais, sautais, marchais, vivais. Il a pleuré, s'est allongé sur le sol, et a pleuré en regardant le ciel, quelques secondes après, il est parti vers sa voiture, a sorti un pistolet, s'est mis le canon dans la bouche et a pressé sur la détente. Non ce n'était pas supportable, de voir un jeune, heureux, souriant, léger finir comme ça, j'ai moi même pleuré à voir le spectacle de mes décombres. Alentour, il y avait une boulangerie où on avait acheté une galette, il y a quelques jours, non loin la ville, et le château fort, vaillant, protégeant notre histoire dans les plaintes de ses murs. Il n'y a eu personne pendant dix minutes, je continuais d'observer ce que j'étais devenu, il est dur de croire que l'on peut être en un morceau structuré, harmonieux un instant, et un autre instant un morceau effrayant, qui ne représente plus la moindre harmonie, non de la mort n'émanent que des odeurs et des pleurs. Plus de personnalité, plus de sourire, plus même un regard a croiser, non juste une immense pizza de chair s'étalant sur des mètres, à laquelle on aurait peine à choisir un haut et un bas, une tête et des bras. J'entends encore ce bruit, il résonne... Je suis mort.


( Cette histoire s'est réellement passée, seulement le range rover m'a évité, il a juste esquivé ma jambe, je n'ai ni eu peur, ni eu mal, mais j'ai eu l'envie d'imaginer de ce que j'aurais pu ressentir. Je n'aime pas faire de morale, mais faîtes attention, c'est bien notre chair la plus chère à nos yeux, ne la négligeons pas.)